(أكارم حَسَد الأَرضَ السماءُ بهم وقصَّرت كلّ مصرٍ عن طرابلس ( المتنبّي
Les clichés de cette série photographique ont été réalisés dans la partie nord du Liban au cours de l’été 2019 à proximité de la ville de Tripoli.
Cette ville, située sur la côte nord de la république libanaise, est la deuxième ville du Liban après la capitale Beyrouth. Elle compte environ 500 000 habitants mais ce nombre augmente au cours de la journée en raison du flux humain venu des zones voisines.
Tripoli est la capitale régionale du nord-Liban. Distante de Beyrouth d’environ 80km, et à quelques 35km de la frontière syrienne, elle jouit d’un climat méditerranéen cependant qu’à l’Est domine la chaîne de montagnes du Liban oriental. Dans son prolongement vers le port, elle constitue une péninsule dont les trois côtés au Sud, à l’Ouest et au Nord sont baignés par une mer qui a eu un rôle capital dans l’histoire de cette ville. Le nom Tripoli évoque le nom d’une ville importante, indépendante, révolutionnaire, commercialement riche et prospère grâce à son excellente position stratégique et au dynamisme commercial de sa population.
Anciennement, la région a été une zone de conflits entre les successeurs d’Alexandre (les dirigeants Ptolémaïques et les Séleucides) qui se sont disputé le pouvoir et le territoire. Tripoli va perdre par la suite son importance commerciale. Toutes les sources historiques de l’époque ont mentionné qu’elle n’était plus qu’une base de construction navale et qu’une station pour le mouvement des armées.
Au large de Tripoli, la mer est parsemée d’une série d’îles et d’îlots inhabités. Parmi eux, l’île de Cow Island a été mon sujet d’étude pour ce projet artistique. Elle se situe près de la côte et servait de cale sèche pour la construction et la réparation des navires. Elle porte également le nom de “Ile Abdul Wahab”, du nom de la famille qui pratiquait la même activité. Récemment, cette famille a construit un pont touristique pour piétons qui relie cette île à la plage terrestre. Elle a également procédé à des aménagements organisés pour les touristes. C’est ainsi qu’en fonction du moment de la journée on assiste à un contraste étonnant entre le flot humain bruyant du jour et le calme et la sérénité du soir.
En fonction du temps, l’espace est laissé libre et à l’abandon, laissant alors apparaître des accumulations d’objets à même le sol, des parcs d’enfants rouillés et dénués de vies, des brics-à-bracs touristiques vidés de leur clientèle, des souvenirs d’enfants ou d’adultes égarés et venues s’échouer sur la plage et, surtout, des traces du passé conflictuel de cette zone. Entre abandon et accumulation, l’environnement embrouillé que nous montre cette série photographique nous lie profondément à l’histoire de cette île. C’est à travers un passé fait de changements perpétuels d’appartenance et de domination du territoire et dans un climat de tensions que cette île dégage une ambiance unique.
Cette série photographique plonge dans la complexité de cette région à travers les images mettant en scène une atmosphère particulière. L’île nous immerge dans son histoire et la photographie est à son service.
Personal Project